Jésus fut livré à la crucifixion et Barabbas fut libéré! L’innocent fut crucifié à la place du coupable. Mais qui est Barabbas ?
Barabbas apparaît dans les évangiles comme un personnage trouble du 1er siècle après J.-C. Résistant à l'oppression romaine, ou simple bandit, il sera jugé en même temps que le Christ, et quand Ponce Pilate demande au peuple de choisir entre ces deux hommes, c'est Barabbas que le peuple graciera.
Dans leurs récits respectifs de la Passion de notre Seigneur, les quatre évangiles mentionnent tous le choix par la foule de Barabbas au détriment de Jésus. Ce choix se fait à la fin de la timide tentative de Ponce Pilate pour libérer Jésus. C’est le moment du rejet définitif du Christ par la foule et de l’adoption du mal.
L’ensemble du récit capte en quelques phrases seulement le péché humain. Pilate place d’abord devant la foule « Jésus Barabbas » (Matthieu 27:17) – ce qui signifie « Jésus, fils du père » – et ensuite Jésus, le Fils éternel du Père. La foule doit choisir, soit le véritable Fils du Père soit sa contrefaçon, la véritable ou la fausse filiation. Son choix de la contrefaçon résume notre péché.
Qui est celui que nous avons choisi ? Barabbas est diversement décrit comme une rebelle, un voleur et un meurtrier. Ces accusations ne s’excluent pas mutuellement. Chacune met en lumière une dimension de notre péché. Elles s’enchaînent également parfaitement. D’abord, comme l’écrivait C.S. Lewis, « nous ne sommes pas simplement des créatures imparfaites qui doivent être améliorées ; nous sommes des rebelles qui doivent rendre les armes ». Notre revendication à l’autonomie absolue, à être notre propre loi – à être comme Dieu (Genèse 3:5) – ne peut pas exister au sein de l’ordre voulu par Dieu. C’est une rébellion ouverte.
De même, nous sommes des voleurs. Nous nous attribuons les dons et la gloire de Dieu. Tout ce que nous sommes et tout ce que nous avons est un don de Dieu destiné à être donné. Mais nous avons gardé ces choses comme nos propres possessions, pour nos propres projets et notre propre gloire. Nous nous vantons même comme si c’étaient nos propres réalisations.
Tout cela fait également de nous des meurtriers.Dieu est le reproche ultime et l’opposition à notre rébellion et à notre brigandage. Nous ne pouvons pas continuer s’Il figure au tableau. Pour préserver notre autonomie et notre Gloire, nous devons nous débarrasser de Lui. Le monde moderne est en gros cette vérité. Mais chacun de nous la vit personnellement.
Le choix entre Jésus Barabbas et Jésus-Christ correspond véritablement au choix entre instinct de conservation et don de soi. C’est le choix fondamental que notre Seigneur a exprimé à de nombreuses reprises et sur lequel Il revient peu avant Sa Passion : « Quiconque aime sa vie la perd et quiconque s’en détache en ce monde la préservera pour la vie éternelle » (Jean 12:25 ; Matthieu 16:25 ; Luc 17:33).
Barabbas est le modèle de l’homme qui aime sa vie et cherche à la préserver à tout prix. Rébellion, vol, meurtre sont seulement les différents moyens par lesquels il cherche à sécuriser son minable petit royaume. De l’autre côté, notre Seigneur – frappé, flagellé et couronné d’épines – est l’homme qui se détache de Sa vie en ce monde. Il a tout perdu : le pouvoir, les biens, la santé, la dignité, les amis etc. Cependant Il sait que cette perte n’est pas la fin mais le commencement – les semailles.
Nous avons suivi Barabbas en embrassant cet instinct de survie désordonné. Nous pourrions l’appeler fierté, mais dans notre culture ce mot implique affirmation de soi convenable et demande de reconnaissance. Bien qu’elle puisse être ces choses, le plus souvent notre fierté – cette préservation de nos vies, de notre confort et par-dessus tout de notre réputation – n’est pas noble et forte mais irritable et faible. Dans leur désir d’auto-protection, les Apôtres ont abandonné notre Seigneur. Pour sauver sa vie, Pierre a reculé devant les questions d’une servante et a renié le Christ. Pour préserver son règne insignifiant, Pilate a livré le Christ pour qu’Il soit crucifié.
Cette peur excessive de perdre notre autonomie, cette lutte pour préserver nos vies est la racine principale de tous les péchés. Nous nous déchaînons, pleins de colère, parce que nous avons le sentiment d’une menace pour notre réputation ou notre ego. Nous tentons avidement d’accumuler de plus en plus de choses pour nous protéger, pour sécuriser nos frontières. Nous paressons pour éviter Dieu et garder notre temps pour nous. Et ainsi de suite. Tout péché a cette caractéristique d’auto-protection.
Jésus-Christ est le véritable Fils du Père. Son détachement de soi est à la fois le moyen de notre rédemption et le modèle pour vivre notre filiation : « Prenant condition d’esclave, se faisant semblable aux hommes… obéissant jusqu’à la mort, et la mort sur une croix » (Philippiens 2:7-8). La conversion chrétienne permanente requiert le rejet répété de Barabbas et l’adhésion à notre Seigneur.
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