Les pratiques d’exorcisme dans l’Église catholique et le Rituel de l’exorcisme
L’exorcisme est une forme particulière de prière et de rite qui s’inscrit dans la tradition de l’Église catholique et qui se pratique dans un cadre ecclésial. Elle repose sur la foi et la confiance en la puissance du Christ Sauveur car lui-même s’est affronté aux puissances mauvaises et a détruit leur empire en libérant toute chose de leur contagion maligne.
Dans le cadre de l’Initiation chrétienne des adultes, on pratique des exorcismes appelés « mineurs », célébrés au cours de célébrations qui jalonnent les étapes du catéchuménat. Ce sont des prières adressées à Dieu le Père, ou au Christ, pour aider les catéchumènes à entrer dans la vie spirituelle, à mener les combats qu’implique leur conversion, à opérer les ruptures qui s’imposent pour se mettre à la suite du Christ (RICA, n° 110-115).
Le Rituel du baptême des petits enfants (n°84-85 et 124-125) comporte également une « Prière d’exorcisme et de délivrance », qui déploie la dernière demande du Notre Père : « Délivre-nous du mal », car tout au long de sa vie, le nouveau baptisé devra lutter contre le mal et approfondir sa conversion.
L’exorcisme majeur ou solennel et son Rituel
La possibilité que quelqu’un soit confronté aux forces du mal et même à Satan est une donnée attestée de diverses manières dans l’expérience et la conscience de foi des Eglises. Parmi les confessions chrétiennes, l’Eglise catholique a donné à l’exorcisme une forme liturgique normative. Mais, en reconnaissant la réalité du monde démoniaque, l’Eglise n’a jamais permis à l’homme d’évacuer sa responsabilité en attribuant ses fautes aux démons.
Une pastorale de discernement
Lorsque des personnes baptisées s’estiment tourmentées ou obsédées par des puissances maléfiques, les accueillir en Eglise consiste à prendre au sérieux leur souffrance tout en gardant réserve et prudence car il est facile d’être dupe de l’imagination et de se laisser égarer par des récits inexacts, maladroitement transmis ou abusivement interprétés. Le Rituel de l’exorcisme dit « majeur » ou « solennel » exhorte au plus grand discernement et suggère d’avoir en certains cas recours à la consultation d’experts dans le domaine spirituel et, si nécessaire, des experts en psychiatrie ayant le sens des réalités spirituelles.
Le ministre
Le ministère de l’exorciste est confié à un prêtre expressément désigné par l’évêque diocésain. En effet, on n’en dispose pas en vertu d’un seul charisme personnel mais on le reçoit de l’Eglise. L’exorcisme majeur est strictement réservé à ce ministre. C’est pourquoi, le Rituel n’est pas accessible en librairie mais directement adressé aux évêques diocésains et aux exorcistes expressément nommés par eux.
Le prêtre exorciste peut s’adjoindre une équipe de fidèles religieux ou laïcs, femmes ou hommes, compétents et avertis pour accueillir et soutenir par le dialogue et la prière les personnes souffrantes.
Le déroulement
Lorsqu’il paraît opportun, l’exorcisme doit se dérouler de manière qu’il manifeste la foi de l’Eglise et ne puisse être considéré par personne comme un acte de magie ou de superstition. Comme l’indique les Préliminaires du Rituel, il ne fera l’objet d’aucune publicité et l’exorciste et les personnes qui y auront assisté garderont la discrétion qui s’impose.
Même s’il doit rester une action essentiellement discrète, l’exorcisme est une célébration liturgique dont l’inspiration est profondément baptismale. Quelques proches ou accompagnateurs peuvent y prendre part. Elle comporte des rites d’ouverture : signe de croix, salutation, aspersion d’eau bénite ; une liturgie de la Parole : psaumes, lecture d’Evangile, imposition des mains, profession de foi ; des rites d’exorcisme : prière adressée à Dieu pour qu’il délivre le fidèle de tout mal ; dans certains cas, peut s’adjoindre une adjuration adressée par le prêtre exorciste à Satan pour le chasser ; cette injonction est faite au nom de Jésus Christ par la foi et la prière de l’Eglise ; des rites de conclusion : Les personnes présentes rendent grâce et l’exorciste conclut par une prière, demande de protection, et une bénédiction.
Une annexe de ce Rituel est prévue à l’usage des fidèles et groupes de prière comme soutien dans l’épreuve du combat spirituel contre les puissances du mal. Elle fait l’objet d’une publication spécifique présentée ci-après, Délivre-nous du Mal.
Monique Brulin, théologienne, Professeur honoraire de l’Institut Catholique de Paris
Source : Liturgie et Sacrements © SNPLS / CEF